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Canicule et ingénierie du bâtiment : quels impacts sur nos métiers ?

 

Nous sommes en période de canicule. Mais est-ce que cela impacte nos missions en géotechnique, structure, hydrologie et fluides ? La réponse est oui. Les fortes chaleurs affectent directement les sols, les matériaux, les installations techniques et les ressources en eau. Ces effets doivent être anticipés pour garantir la sécurité, la durabilité et le bon fonctionnement des ouvrages.

GÉOTECHNIQUE

Principaux risques :

  • Retrait et gonflement des argiles : En période de sécheresse prolongée, les argiles se rétractent. Ce phénomène peut entraîner des fissures, des affaissements ou des désordres structurels, notamment sur les bâtiments mal fondés.
  • Baisse du niveau des nappes phréatiques : Un niveau de nappe trop bas modifie les efforts de poussée sur les parois, fragilise les fondations, profondes et superficielles, ainsi que les ouvrages de soutènement.
  • Séchage des remblais ou terrains remaniés : En l’absence d’humidité suffisante, les remblais se dessèchent, perdent de leur cohésion et peuvent se tasser, générant des mouvements différentiels.

Préconisations :

  • Réaliser une étude géotechnique adaptée aux contextes argileux et climatiques.
  • Adapter les fondations en profondeur ou utiliser des systèmes compensant les mouvements différentiels.
  • Mettre en œuvre des protections hydriques (paillage, réalisation de trottoirs étanches périphériques).
  • Suivre l’évolution des nappes avec des piézomètres.

HYDROLOGIE

Principaux risques :

  • Baisse des niveaux d’eau : Les captages d’eau deviennent plus sensibles, certaines sources peuvent se tarir, entraînant des ruptures d’alimentation.
  • Assèchement des sols : Les sols desséchés perdent leur capacité d’infiltration, favorisant les ruissellements et donc les risques d’inondation en cas d’orage.
  • Pollution des eaux : Moins de dilution des polluants dans les cours d’eau et nappes, ce qui accroît la concentration en substances nocives.
  • Tensions sur les réseaux d’eau potable : Hausse de la consommation, limitations d’usage, risques de pénurie.

Préconisations :

  • Mettre en place des dispositifs de stockage et de réutilisation des eaux pluviales.
  • Concevoir des bassins d’orage pour limiter le ruissellement.
  • Optimiser les réseaux de distribution pour limiter les pertes.
  • Anticiper les restrictions et adapter les usages de l’eau dans les bâtiments.

STRUCTURE

Principaux risques :

  • Dilatations thermiques excessives : Les matériaux (acier, béton) se dilatent avec la chaleur. En l’absence de joints de dilatation efficaces, cela peut engendrer des déformations ou des fissures.
  • Altération du béton jeune : Un béton coulé par forte chaleur peut sécher trop vite, entraînant des microfissures, une mauvaise prise ou une perte de résistance.
  • Vieillissement prématuré des matériaux : L’exposition répétée aux UV et à la chaleur accélère le vieillissement des façades, des membranes d’étanchéité ou des résines.

Préconisations :

  • Adapter les horaires de coulage (matinée ou soirée), humidifier les coffrages et protéger le béton frais.
  • Utiliser des formulations spécifiques (bétons à prise lente ou additifs retardateurs).
  • Prévoir et entretenir des joints de dilatation dans les structures.
  • Choisir des matériaux résistants aux UV et aux cycles thermiques.

 

FLUIDES (CVC, réseaux intérieurs)

Principaux risques :

  • Surchauffe des installations CVC : Les systèmes de climatisation fonctionnent en surrégime, ce qui peut diminuer leur efficacité et augmenter la consommation énergétique.
  • Évaporation accrue : Les systèmes à circuit ouvert (tours de refroidissement, humidificateurs) perdent plus d’eau, ce qui nécessite un réajustement fréquent.
  • Dilatation des canalisations : Les réseaux d’eau (PVC, PEHD, cuivre) peuvent se dilater sous l’effet de la chaleur, créant des tensions ou des fuites.
  • Dégradation de la qualité de l’air intérieur : Une ventilation mal conçue ou mal entretenue entraîne un air plus sec, plus chaud, et potentiellement moins sain.

Préconisations :

  • Réviser les systèmes CVC avant les périodes estivales, calibrer correctement les puissances.
  • Renforcer l’isolation des réseaux, adapter les fixations pour permettre la dilatation.
  • Surveiller les débits et prévoir des appoints d’eau pour compenser l’évaporation.
  • Contrôler la qualité de l’air intérieur (CO₂, humidité relative, température).

Conclusion

La canicule ne touche pas que notre quotidien : elle affecte profondément nos métiers d’ingénierie. Adapter les conceptions, renforcer les surveillances et anticiper les évolutions climatiques deviennent indispensables pour garantir la sécurité et la performance des ouvrages.

Et n’oublions pas : si la canicule est dangereuse pour votre maison… elle l’est aussi pour vous. Pensez à boire, à vous abriter et à limiter vos efforts physiques aux heures les plus chaudes.